« La création en actes. Enquête autour d’une exposition de Pierre di Sciullo » s’achète en ligne auprès des librairies indépendantes suivantes : Librairie Mollat, Dialogues, Librairie Le Divan, La Procure, Librairie Masséna, Librairie Kleber, L’Armitière, ePagine et Leslibraires.fr.
Il n’y a rien de moins adapté à l’art, pense-t-on souvent, que l’« epub », cette version virtuelle du livre, à utiliser dans la lueur des tablettes ou l’encre grise des liseuses. La création en actes. Enquête autour d’une exposition de Pierre di Sciullo va nous détromper brillamment. Cet ouvrage numérique est dirigé par l’anthropologue et théoricienne du design Francesca Cozzolino et édité par l’artiste et chercheuse Lucile Haute. Toutes deux travaillent au laboratoire de recherche en art et design (EnsadLab) de l’École des Arts décoratifs de Paris. On écoute la présentation éditoriale de l’ouvrage et celle du projet scientifique dont il est issu.
Le projet
Voici un epub qui s’ouvre, se déploie, roule, volète : textes, sons et vidéos s’y dévoilent au gré de la curiosité des lect·eurices. On y retrouve ce qui fait l’attrait du papier : une place pour le corps et la mémoire, la possibilité d’échapper aux phares de la lumière bleue pour s’arrêter et méditer… Et rien n’y manque de ce que permet le numérique : un dépassement de la linéarité au profit d’une invention pour chacun·e de son propre parcours dans l’ouvrage. Il s’agit entre autres, indique Lucile Haute, d’« étudier par l’expérimentation ce qui échappe et ce qui se crée lors de la traduction d’un mode sensible à un autre, du papier à l’écran ».
Le sujet en est l’exposition de Pierre di Sciullo curatée par Francesca Cozzolino, « Typoéticatrac. Les mots pour le faire », présentée au Bel Ordinaire à Pau, en 2017. Designer graphique et artiste, Pierre di Sciullo interroge, comme le note Cozzolino, « le lien entre le son et le signe, explore les origines et les limites du langage et conçoit des installations signalétiques qui prennent en compte la position du lecteur dans l’espace. » Il invente des écritures qui « suggèrent des situations d’énonciation tout en les renversant. » Autant dire que les œuvres poétiques et graphiques de Pierre di Sciullo ne communiquent rien : elles « façonnent le contexte dans lequel elles s’exposent » et offrent ainsi un terrain d’expérimentation où le sens naît de leur usage ludique, dans un infini processus de co-création ou de « création distribuée ». Un héros adéquat, donc, pour un epub qui est à lui-même son propre creuset expérimental.
Sans doute que l’envie présidant à cette belle réalisation fut celle de l’expérience. Comme dans le titre de Dewey : L’art comme expérience. C’est-à-dire un ensemble de rencontres entre des sujets et des objets. Soit encore, entre autres, l’idée qu’un texte, une œuvre ou une exposition ne se présentent pas tels des blocs pleins et achevés à l’appréhension de lect·eurices ou visit·eureuses, mais que leur existence artistique est le fruit d’un jeu ou, comme l’écrit Francesca Cozzolino, d’« une série d’interactions complexes entre personnes, matériaux, techniques et pratiques ». La création en actes. Enquête autour d’une exposition de Pierre di Sciullo est sans doute le premier epub à proposer une telle force de « jeu » (au sens d’« aisance dans le fonctionnement d’une ou plusieurs choses entre elles ») à ses lect·eurices.
Souvenirs d’un lancement
Le Covid n’étant pas très art-friendly, le lancement de La création en actes s’est d’abord fait virtuellement, lors d’une rencontre rassemblant en visioconférence le public et les différent·es act·eurices de l’aventure. De ces échanges nourris, nous avons gardé de brefs extraits permettant de présenter une partie de l’équipe, en attendant que vous puissiez les rencontrer dans le monde réel.
Principes de conception
Lucile Haute présente les choix éditoriaux et donne la parole à Benoît Verjat et Quentin Juhel qui ont mené la conception graphique et interactive de l’ouvrage, puis à Hortense Soichet qui en a réalisé les photographies et vidéos.
Les aut·eurices présentent leurs textes
Dans La création en actes, la directrice de l’ouvrage, Francesca Cozzolino, propose un récit ethnographique de la façon dont di Sciullo a créé, à partir des visites dans une ressourcerie et de la collecte d’objets recyclés, d’étranges machines à produire « des phonèmes inaboutis à expérimenter ».
On écoute ci-dessous l’anthropologue Arnaud Dubois expliquer comment il a tenté « de saisir en situation les gestes techniques à l’œuvre dans l’usage des outils » chez di Sciullo et « de réfléchir à l’incidence de ces gestes sur la catégorisation du travail ». Et Julien Gineste, graphiste et enseignant, qui présente les différentes familles de caractères typographiques créées par di Sciullo, du point de vue de leur usage poétique – sonore et visuel.
Quant à l’historienne de l’art Lucile Encrevé, elle propose dans La création en actes un essai sur « l’usage de la couleur dans les créations visuelles » de di Sciullo et la façon dont nous faisons corps avec ces dernières dans la perception.
Pierre di Sciullo avait un peu le (Typoética)trac lors de la présentation de l’ouvrage
… mais il quand même raconté la « chorale syllabique » qui avait fait l’ouverture de l’expo. Puis il est parti à cause du couvre-feu.