« Bouphonie » était une expo curatée en janvier 2021 par Juliette Nier et Arslane Smirnov au 6b à Saint-Denis, sous forme de pièce en quelques actes. C’est désormais aussi un site, plein d’entretiens avec des artistes émergents, à la croisée du design et des arts plastiques. Une histoire de transitions, de collectifs et de cocréation.

Ecoutez la voix du bœuf (« bouphonie », littéralement) et suivez la graphiste Juliette Nier et le plasticien Arslane Smirnov sur les quatre scènes de leur théâtre carnavalesque. S’y observent et s’entrechoquent narration, sculpture, objet, vidéo, peinture… Petite visite guidée en un quart d’heure, où le duplice commissaire Otto Max Stingl raconte les effets de la promiscuité esthétique, et le travail de chaque créateur.ice.

Le site bouphonie.xyz, de son côté, n’est pas une archive de ces rencontres insolites mais un prolongement puisque chacun.e des participant.e.s bénéficiera d’un entretien au long cours. Pour celleux qui ont déjà conversé avec Arslane Smirnov, la question de la « bricologie » revient assez souvent, tandis que leurs pratiques se situent volontiers à la croisée des arts appliqués et des beaux-arts, par une fertilisation réciproque.

Ainsi, par exemple, François Dufeil entend-il « assumer pleinement le côté artisanal dans le travail » en versant dans la récupération et le « désuet », tandis qu’il voit ses sculptures comme des « contre-dispositifs » à des propositions issues de l’architecture. Chez Benjamin Collet, c’est l’univers de la mode qui peut devenir un « répertoire de formes sculpturales » ou une machine à récits. Le vidéaste Fredj Moussa est encore plus radical : « Mes réalisations ne font […] que traverser un lieu, se sont plutôt des transits, des sortes de translations de choses qui ont été produites quelque part et je les fais se déplacer. » En ce sens, dit-il, son art pourrait aussi bien être nommé « design », étant la retranscrition d’une chose captée, dans une nouvelle forme. On retrouvera cette idée du transit chez Paul Dagorne : « Je fais des choses et j’essaie à chaque fois de réfléchir dans quel contexte elles s’inscrivent, ce qui me fait me poser la question de mon statut. » En l’occurrence : graphiste, musicien et petit Poucet à la fois.

Après avoir vu ici des extraits d’une performance de Louise Hallou et un concert d’un genre un peu covidé, on clique sur l’image ci-dessous pour lire tout ça.

Avec les œuvres de Tommy Bougé et Adrien Cugulliere, Benjamin Collet, Lauren Coullard, Paul Dagorne, François Dufeil, Éléonore GeisslerTheo Ghiglia, Antoine Granier, Louise Hallou, Marguerite Li-Garrigue, Brieuc Maire, Marin Martinie, Nastasia Meyrat, Fredj Moussa, Ji Min Park, Boris Régnier, Léa Rodriguez Rocha, Brieuc Schieb (et une performance culinaire de Nora Duprat).

Les articles signés « Décor » sont rédigés par les responsables éditoriaux.
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