Le 14 novembre 2019, Décor inaugure sa série de « revues » live à la Fondation Ricard. En jouant sur le double sens du mot « revue » comme « magazine » et « spectacle de cabaret », il s’agit de porter la théorie de l’art et du design au sein d’événements festifs.
Une photographie de Noé Leleu au seuil de la Fondation Ricard. Photo ©Béryl Libault

« Le Music-hall est aujourd’hui le creuset où tourbillonnent les éléments d’une nouvelle sensibilité qui se prépare. »

Malgré ses 106 ans d’âge, la phrase de Marinetti n’a rien perdu de sa pertinence : car le music-hall, comme l’écrit l’inventeur du futurisme, n’a « pas de traditions, pas de maîtres, pas de dogmes, et se nourrit d’actualité véloce. » Il est à la fois critique, ironique, participatif et inclusif : une sorte d’œuvre d’art totale qui donne de nouveaux élans à la vie.

C’est dans cette perspective que l’Ecole des Arts Décoratifs de Paris lance les Soirées DÉCOR avec la Fondation d’entreprise Ricard sous la forme de revues de cabaret, mêlant performance, cinéma, affiches, conférences, défilés de mode, musique et, comme dirait Marinetti, « émeutes, courses, circuits d’autos et d’aéroplanes », plus d’autres choses inouïes encore. Une façon originale de revisiter la traditionnelle revue d’école d’art en la portant sur les planches avant de la coucher sur le papier.

Et pour que les émeutes aient une avenue à détruire, donnons-nous comme piste de course un abécédaire, celui de notre décor contemporain. On commencera par A comme after.

« Si l’Histoire est une fête, notre époque en est l’after. »

Trapier-Duporté

Au programme de cette soirée, entre autres : Alice Brygo filme les teufeurs du Péripate et un camp de migrants afghans dans Les îles périphériques. Le performeur Hippolyte Thillard ausculte son corps, peut-être pour savoir s’il est encore en vie. Maceo Goy dit Au revoir à son adolescence en utilisant les techniques de la photographie primitive. Alix Boillot joue à des jeux qui n’ont aucune solution ou les ont toutes…

Pour la génération des artistes vingtenaires, tout semble avoir un goût d’« après ». De ce temps qui suit une fête, durant lequel se ressent une certaine amertume, un certain dégoût mais aussi une renaissance liée aux lueurs du petit matin. Sauf qu’on y est coincé et que cet entre-deux semble, comme le suggère le duo d’artiste Trapier-Duporté, ne finir jamais.

Ces créateur.ice.s sont aussi de la génération du « post » : post-industriel, postmoderne, post-identité, postcolonial, post-internet, post-porn, post-vérité,… Pour « A comme After », ces artistes de l’aube se retrouvent dans une fête testant ses propres limites, avec l’aide du philosophe Michaël Foessel et de l’écrivain Théo Casciani, invités de cette première édition.

La liste complète des participant.e.s, leurs bios dans le pdf du flyer, à télécharger.

Visuel © Inès Bel Mokthar

A lire sur l’after comme phénomène esthétique

Théo Casciani, Rétine, P.O.L., 2019

Michaël Foessel, La Nuit. Vivre sans témoin, Autrement, 2018

Arnaud Idelon, « L’art de l’after », Vice.com, 2020

Les articles signés « Décor » sont rédigés par les responsables éditoriaux.
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