Avec une minutie monacale, je remplis patiemment la surface de milliers de lignes parallèles. Chacune vient lentement se superposer à la précédente créant, à mesure que la surface s’emplit, une valeur d’un bleu plus profond. Le papier se sature alors de cette encre si particulière qui s’illumine d’elle-même, comme une transcendance, révélant ainsi toute son iridescence présente dans la matière même, grâce à une part infime d’argent. Le dessin interagit alors avec son environnement lumineux et la place du spectateur, en faisant passer la surface d’un bleu profond à un cuivre doré.
Dans une apparente répétition, une infinité de contrastes apparaît pourtant, variations générées par les infimes erreurs que porte l’imprévisibilité de leurs instants, créant cette profondeur énigmatique dans laquelle le regard se plonge.
Selon le protocole affilié à chaque dessin, le geste s’émancipe parfois de la règle qui le conditionne, s’extirpe de son sillon pour exploser, jaillir hors du linéaire, jouant sur l’ambivalence du sensible et du mécanique en proposant un point de friction entre les deux.
Les bandes sonores présentées ici ont été enregistrées pendant l’exécution de chaque dessin. Elles révèlent les mouvements qui génèrent les tracés, plus ou moins rapides, plus ou moins longs et saccadés et mettent en valeur l’implication du corps dans le processus de production.
Le son révèle une rythmique propre à chaque image qui émerge dans la répétition pour devenir un motif. Un simple geste devient une pulsation méditative qui entre en résonance avec le dessin. Puis, les sons deviennent peu à peu autonomes en créant de nouveaux dessins invisibles, sonores.